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31/10/2024
Palme d'or à Cannes... cette mention, sur une affiche, fait toujours son petit effet même si les derniers films primés ne m'ont pas enthousiasmés. Il faut dire que le palmarès sert à mettre en avant des causes politiques, des messages, plus que des films qui sortent du lot (mais je suppose qu'on peut dire qu'un film ayant un message sort naturellement du flot continu déversé tous les mercredis sur nos écrans).
Qui présidait le jury cette année ? Greta Gerwig, dont le film « Barbie » a fait un carton mondial l'année dernière. Une américaine qui met en avant un film qui nous raconterait d'une manière désenchantée "Cendrillon aux USA" a-t-il du sens ? Oui... mais est-ce qu'encore une fois cela suffit à faire un film renversant, marquant, enthousiasmant, qu'on a envie de défendre quand on en entend parler et devant lequel on restera quand il passera sous nos yeux qu'il ait commencé depuis quelques secondes ou qu'il soit à quelques minutes de sa fin ? Non...
Bien sûr, peu de films répondent à la définition donnée précédemment mais quand je regarde les émotions procurées par "Anora", je me place davantage du côté de l'encéphalogramme plat et des gros clichés que dans la plongée dans les émotions (positives ou négatives), l'introspection ou le cri de colère. Sean Baker a le bon goût de ne pas idéaliser le métier de son personnage principal. Anora et son chewing-gum, un duo qui aligne les mecs qui viennent chercher un fantasme qu'il est interdit de toucher mais qui fera baisser leur compte en banque. N'étant pas du tout sensible à ce genre de soirée, je suis peut-être passé à côté de quelque chose ...
Le mariage "rêvé" avec un gamin plein aux as ? La vie à claquer du fric et prendre des jets privés ? Grand bien lui fasse mais pourquoi ne pas creuser un peu plus la vie des autres copains, qui bossent dans une boutique de bonbons ? Anora est-elle lucide sur la situation ? C'est le seul intérêt du film qui enchaînera les attendus avec famille russe qui délègue la garde du gamin à une bande de pieds nickelés, un couple de parents évidemment barrés, un gamins qui joue au grand garçon mais se fera tout petit quand il faudra prendre ses responsabilités pour, au final, une morale assez gonflée qui pourrait être que finalement les deux n'ont pas la vie dont ils rêvent et devront repartir de là où ils sont arrivés (attendez je sors mes mouchoirs).
Un personnage sauve le film du cliché complet et s'il semble un peu niais sur les bords au début, il regardera tout cela avec un stoïcisme qui m'a bien plus. Cela ne l'empêchera pas de faire son boulot mais Yura Borisov arrive en peu de mot à faire vivre un personnage plus ambigu que ce que sa première apparition laissait présager.
Au final Anora sera meilleur que "Titane" ou "Sans filtre" et au niveau de "Anatomie d'une chute"... mais loin de "Parasite", "Winter Sleep" ou "Entre les Murs" (qui a 16 ans... outch !).
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